Esprits et sorcières

Je vous propose ici une traduction d'un chapitre du livre en anglais : "Folk Witchcraft" de Roger J. Horne. Je le trouve intéressant à plusieurs titres. Tout d'abord car on découvre qu'anciennement le terme "familier" ne désignait pas les chats et les souris, mais des esprits. Deuxièmement ce texte présente une façon de pratiquer la magie méconnue en France car beaucoup de pratiquants ont des a priori cartésiens et ne croient pas aux histoires de contact avec le monde des esprits. Enjoy :-) ! 

Les rencontres avec les esprits :

Alors que de nombreux récits de sorcières racontent des charmes spécifiques et des remèdes qui étaient probablement transmis localement, beaucoup d'autres sorcières obtenaient leurs charmes directement grâce à l'enseignement des esprits. Parfois ces esprits sont nommés "familiers". Il y en a encore d'autres qui prennent la forme des esprits des défunts ou de grands esprits ou de divinités qui président aux activités des sorcières dans le monde des esprits. Quelle que soit la forme qu'ils prennent, être directement initié par ces esprits, ce qui est un procédé continu d'apprentissage et de devenir, est un point essentiel en magie populaire*.
De nombreuses soricères de ces traditions vous diront qu'elles sont capables de sentir la présence des esprits venus d'un âge très anciens, ce qui peut être dérangeant pour les parents ou les êtres chers. Il est important de remarquer que ce ressenti du monde des esprits est différents de nos ressentis habituel. Ce n'est pas la perception de quelque chose qui est proche physiquement, et ce n'est pas comme une hallucination. Le fait que ces êtres existent spirituellement et non physiquement est ressenti habituellement de façon évidente, et souvent, les sorcières qui sont des voyantes qualifiées peuent "faire taire" leur vision afin de revenir aux préoccupations ordinaires sans interruption.
Certaines des premières rencontres avec les esprits gardiens du savoir des sorcières implique un genre de début formel ou une initiation. Dans la tradition sorcière de l'Ecosse, l'initiée se tient debout sur les pieds d'un ancien, avec la main de l'ancien posée sur sa tête, et elle est ensuite capable de percevoir et d'intéragir avec les esprits. Dans d'autres histoires, la sorcière doit renoncer à ses veux de baptème afin d'embarquer sur le chemin délivrer du fardeau de ses précédentes allégeances. A mon avis, cet acte de renonciation peut être utile, même pour une pratique solitaire, mais tout dépend des préférences individuelles.
Le concept de "pactes spirituels" est largement mal compris. Certains diraient que tous les chrétiens qui ont promis leurs âmes à leur dieu sont entrés dans dans un genre de pacte spirituel avec le dieu d'Abraham, qui est identifié comme étant El et qui descend d'une entité venue à l'origine de Mésopotamie qui porte le même nom. Ne faites pas erreur ; les pactes spirituels existent tout autour de nous, même s'ils ne prennent pas la forme que l'on imagine. L'étudiant en sorcellerie traditionelle devrait avoir la sagesse de prendre le temps de construire des relations avec les esprits pour comprendre pleinement leur nature avant de foncer tête baissée dans des engagements qui n'en valait peut-être pas le prix.

* J'ai traduit "folk craft" par magie populaire dans le sens où "folk" désigne les gens du peuple par opposition aux nobles et au clergé. Ce mot a donné "folkore" : "savoir du peuple" et "folklorique".